Le soir

Je regarde le soir se saupoudrer de rose
Taraudé par l’espoir de retenir le jour,
Quelle attente illusoire, malgré les mots d’amour
De paillettes dorées qu’en douceur il dépose
Au loin sur l’horizon, rendu fou d’espérance
Son combat est perdu, déjà la nuit s’avance.
Rien ne l’arrêtera, la soirée déraisonne.
Son bleu se fonce d’encre volé au ciel de Chine
Il faut bien que les hommes se voilent la rétine
Pour quelques heures d’oubli le temps les abandonne.
Déjà il est un monde en avance sur mes heures
J’entends le sommeil lourd de ces enfants d’ailleurs
Qui rêvent en d’autres langues un avenir meilleur.
J’irai moi-même bientôt me blottir à ce flanc
De cet autre que moi que j’aime aussi d’amour.
Je bercerai mes songes d’un peu d’éternité
Et à la nuit complice confierait mes serments
Pourtant cette heure qui tremble en ses sublimes atours
Me fait comme un chagrin lancinant et bleuté.
Pourquoi faut-il toujours que se meure un soleil
Comme si le cœur des hommes n’avait pour les merveilles
Qu’une place exiguë, un couloir si étroit
Qu’elles ne peuvent y passer à plus d’une à la fois.
Comme j’aimerais le jour enlacé à la nuit
La montagne sur la mer d’une verte prairie
J’aimerais la musique à cueillir comme une fleur
Et j’aimerais les hommes fraternels comme des sœurs...


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