Tu n'es pas là

Il pleut ce soir d’un soleil lourd,
Une trace de rose au loin narre encore le jour qui agonise.
Éberlué de silence, happé de soudaine solitude
Mon esprit erre d’une conscience obstinée comme un chat
Qui regarde le vide.
Tu n’es pas là.
De quel obscur désir je pourrais me vêtir?
Le sommeil me refuse sa pitié,
Indifférent à mes rêves éveillés.
Ton absence s’est couchée dans mon lit,
Elle me nargue de son sourire d’actrice sans talent.
Elle me raconte ta peau qui doit déjà dormir,
Elle me souffle les mots que je ne peux te dire.
Je la caresse comme la joue d’un enfant,
De toute ma haine je la berce doucement.
Je voudrais lui faire mal, la changer en martyre.
Tu n’es pas là.
La nuit me frôle d’un cerne mauve,
Farouche dans sa décision de ne jamais finir.
Et moi je veille, crucifiée de manque,
D’une pensée étanche à tout ce qui n’est pas toi.
Mes larmes coulent comme de petits fleuves fatigués,
Égarés sur la route de la mer.
C’est encore loin?
C’est encore loin l’estuaire?
J’ai froid dans cette nuit d’été
Qui n’est qu’une morsure sur mon cœur sénile,
Ses battements entêtés ont appris à parler
Et me répètent d’une voix docile,
Comme si je pouvais l’oublier
Tu n’es pas là,
Tu n’es pas là,
Tu n’es pas là...


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